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Marchez, Ne Courez Pas

 
\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\tIl me semble que les dentistes sont bombardés de toutes parts par de nouvelles technologies. Et, à en croire toutes les prétentions et tout le battage publicitaire entourant plusieurs de ces nouvelles technologies, il semblerait que nous escroquons nos patients si nous ne leur offrons pas ce qu’il y a de plus récent et de mieux (?). C’est vrai, le changement est une bonne chose puisqu’il constitue la voie du progrès. Toutefois, les dentistes devraient être judicieux et prudents avant de sauter à bord du train des nouvelles technologies, puisque ce sont nos patients et nous qui paierons les pots cassés si les allégations publicitaires ne se matérialisent pas.
Depuis plus de trois décennies, j’ai suivi avec enthousiasme des cours de formation continue. Cela a été déterminant dans l’orientation des choix cliniques que j’ai faits. Ma découverte des facettes Chameleon de Myron en 1983 a changé ma voie en dentisterie et elle est la raison pour laquelle j’écris dans Oral Health aujourd’hui. Trente années à mettre en place des implants dentaires m’ont fourni une expérience considérable et un vaste répertoire de solutions prothétiques. Mais puis-je en dire autant de certains des autres matériaux soi-disant miraculeux qui ont été présentés à la profession comme étant révolutionnaires?
À titre d’utilisateur précoce des facettes de porcelaine, je suis devenu un des pionniers dans le domaine de la dentisterie esthétique. De nombreux types de couronnes exemptes de métal ont par la suite été lancés au fil des années 80, notamment les couronnes Dicor. Un grand battage publicitaire a entouré la sortie de ces couronnes et de nombreux dentistes ont commencé à intégrer Dicor à leur pratique courante. Malheureusement, le taux de bris de ces couronnes s’est avéré très élevé entraînant une multitude de reprises gratuites et de patients mécontents. Il est essentiel de réaliser que c’est le dentiste qui assume la responsabilité et les obligations découlant du traitement choisi et des matériaux utilisés.
Au cours des années qui ont suivi, de nombreux matériaux ont été lancés avant de disparaître comme ils étaient venus. Par conséquent, j’ai donc utilisé de nombreux matériaux de restauration et adhésifs qui n’ont pas rempli leurs promesses. De nos jours, les matériaux les plus populaires pour la réalisation d’éléments prothétiques exempts de métal sont le disilicate de lithium et la zircone. La stratification de ces matériaux avec de la porcelaine esthétique a entraîné un nombre important de fractures de la porcelaine. C’est pourquoi l’utilisation de ces matériaux sous forme monolithique, avec peu ou pas de stratification, semble être la façon de faire la plus sécuritaire. Des études ont démontré une incidence élevée de fractures de la zircone recouverte de porcelaine de l’ordre de 25 pour cent. Le fait que la zircone puisse résister à des forces grandement supérieures aux dents naturelles me porte à croire que des dents compromises traitées à l’aide de couronnes faites de zircone pourraient également souffrir de nombreuses fractures radiculaires, entraînant la perte de la dent, dans les années à venir. Les jurés délibèrent toujours.
Passer à la technologie numérique semble la chose à faire. Cela veut-il pour autant dire que la dentisterie traditionnelle soit mauvaise? La radiographie numérique, la détection des caries et les numériseurs intrabuccaux sont ici pour rester et deviendront à mon avis la norme d’excellence en dentisterie! Il faut toutefois choisir judicieusement le moment où l’on décide d’adopter une nouvelle technologie. Le moment doit être approprié et bénéfique pour vous. Dans bien des cas, nouveau ne veut pas nécessairement dire meilleur. Vous devez être honnête avec vous et déterminer ce qui fonctionne le mieux entre vos mains.
Tout d’abord, je ne crois pas que les dentistes devraient construire une clinique qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir ni faire l’acquisition d’équipements coûteux qu’ils n’utiliseront jamais. Nous avons tendance à croire que si nous achetons quelque chose de nouveau, notre travail s’en trouvera automatiquement amélioré et que nous deviendrons plus occupés. Certains des meilleurs praticiens que je connaisse pratiquent à l’ancienne.
À plusieurs occasions, on m’a présenté l’usinage de CAO/FAO en clinique comme si j’étais le dernier dinosaure à avoir recours au laboratoire dentaire. Je connais plusieurs dentistes qui sont des virtuoses de cette technologie et qui produisent des restaurations qui rivalisent avec celles fabriquées par les meilleurs laboratoires. Toutefois, ces praticiens vivent pour la technologie de CAO/FAO. Ils retirent une grande fierté du fait d’avoir le contrôle absolu sur leur restauration et de réaliser eux-mêmes le produit final. Cela nécessite toutefois beaucoup de temps, d’habileté, de pratique et de volonté. D’après mon expérience, le praticien moyen ne parvient pas à produire des restaurations en clinique de cette qualité. Ce qui m’agace particulièrement est le message derrière le boniment publicitaire. La qualité n’est jamais mise au premier plan. Il est uniquement question d’argent : « Docteur, en produisant seulement neuf couronnes par mois, votre appareil se paiera de lui-même. » « La couronne n’a qu’à durer cinq ans, après quoi les assurances paieront pour une nouvelle. » « La couronne ne vous coûtera que xx dollars à produire. » « Elle ne nécessite qu’une visite. » Qu’est-ce qui cloche dans cette façon de faire? Tous les jours, nous voyons des restaurations qui sont dans la bouche de nos patients depuis vingt, trente, quarante ans et même plus. Qui retire les bénéfices de l’usinage en clinique? Le patient ou le dentiste? La qualité n’a-t-elle donc aucune importance? Achèteriez-vous intentionnellement un parachute inférieur aux normes ou choisiriez-vous une valvule cardiaque bon marché pour vous-même?
Notre clinique a récemment refait le saut à la radiographie numérique. Lorsque la radiographie numérique a été lancée il y a plus d’une décennie, je devais être le premier à l’adopter! Malheureusement, j’aurais dû mieux regarder avant d’acheter impulsivement et bien analyser les besoins de ma pratique. Notre clinique compte quatre hygiénistes d’expérience à temps complet et notre clientèle est très exigeante. Nous avons découvert que les résultats fournis par l’appareil de radiographie numérique variaient grandement en fonction de l’hygiéniste qui utilisait le capteur numérique et avons dû faire face à des incidents de données trompeuses sur les radiographies causées par une erreur de l’utilisateur. De plus, nous n’avons pas trouvé que les patients appréciaient ou même reconnaissaient la réduction de la dose de rayonnement nécessaire à la prise de la radiographie. Pour eux, il s’agissait encore de radiographie. Toutefois, la principale raison pour laquelle nous avons abandonné la technologie numérique après l’avoir utilisée durant six mois, c’est parce que dans notre clinque, les patients ont détesté, particulièrement dans le cas des radiographies bouche complète. Je suis conscient que j’ai des patients très exigeants, mais j’essaie tout de même de les écouter et de faire tout ce qu’il faut pour les rendre plus confortables et les satisfaire. Le plus amusant est que lorsque nous sommes retournés à l’utilisation des films, très peu de patients ont remarqué ou se sont inquiétés du fait que nous n’utilisions pas la technologie numérique.
Au cours des dernières années, il est devenu évident que, pour des raisons de commodité, nous devions retourner à la radiographie numérique. Beaucoup de progrès ont été réalisés. Les capteurs ont été améliorés et le format numérique est beaucoup plus facile à transmettre, à classer et à stocker dans le dossier des patients. Cette fois par contre, j’allais bien faire mes devoirs et étudier toutes les options qui m’étaient offertes. J’allais judicieusement essayer avant d’acheter!
Après des mois à étudier les produits offerts sur le marché et à faire l’essai des meilleurs systèmes offerts, les membres de mon équipe et moi avons conclu à l’unanimité que le système à plaques phosphoriques ScanX était celui qui convenait le mieux aux besoins de notre clinique. Le système ScanX fonctionne de façon similaire aux appareils de radiographie sur film traditionnels alors que les images sont mémorisées sur des plaques phosphoriques photosensibles qui sont dix fois plus minces que les capteurs numériques rigides. Avec un entretien approprié, ces capteurs peuvent être utilisés des milliers de fois. Plus important que tout, ils sont confortables pour nos patients. Les capteurs sont dotés de coins arrondis, comme les films, et sont offerts en huit tailles d’image y compris en formats panoramique, céphalométrique et ATM. Ils offrent une très grande qualité d’image et les images peuvent être manipulées de façon numérique au besoin. Notre clinique compte deux assistants à temps complet pour la stérilisation et le laboratoire, le traitement des images n’a donc jamais constitué un problème. Toutefois, l’avantage le plus important pour nous est qu’il n’y a absolument aucune courbe d’apprentissage et qu’il n’y a qu’une faible variation des résultats en fonction de l’utilisateur.
Nous connaissons tous les avantages des radiographies numériques. Elles sont propres, faciles à transmettre à d’autres dentistes et aux compagnies d’assurance, elles nécessitent peu d’entretien, sont faciles à classer et à extraire des dossiers des patients et, si la technologie est utilisée correctement, elles offrent une très grande qualité d’image. Pour les grandes cliniques, il s’agit de loin de la solution la plus économique puisqu’elle ne nécessite aucune assurance pour les capteurs et ne requiert pas la mise à niveau de l’appareil de radiographie panoramique. Au besoin, nous pourrions facilement combiner notre système à plaques phosphoriques à quelques capteurs numériques et ainsi obtenir une installation numérique hybride. La décision d’opter pour un système de radiographie numérique ScanX en est une que nous n’avons jamais regrettée.
Changer de matériaux de restauration dans une clinique dentaire est une grosse affaire! Pas pour le représentant commercial qui nous présente constamment de nouveaux produits en pensant que nous sommes flexibles et que nous pouvons rapidement nous adapter à tout. Je dois généralement faire face à de la résistance de la part de mon personnel lorsque je tente d’intégrer une nouveauté et j’ai plusieurs tiroirs remplis de matériaux que j’ai abandonnés au profit d’autres matériaux ou d’anciens matériaux. J’ai toujours eu l’intention d’utiliser ces produits, mais pour une raison ou une autre ils continuent d’accumuler les années cachés dans le fond des tiroirs de ma salle opératoire. J’essaie de toujours me rappeler la fois où un fabricant a lancé un matériau de restauration postérieur « révolutionnaire » avec un agent liant breveté qui changeait de couleur pour indiquer qu’il avait atteint son plein potentiel. Malheureusement, j’ai cédé à tout le battage publicitaire et j’ai acheté le produit et non seulement il est allé rejoindre ma pile de produits abandonnés, mais en quelques années j’ai dû remplacer la presque totalité des restaurations que j’avais réalisées avec ce matériau. Inutile de préciser que le fabricant a rapidement retiré le produit du marché. Mais en quoi cela nous a-t-il aidés mes patients et moi?
Il existe plusieurs excellents produits que j’utilise depuis plus de vingt ans et, en toute honnêteté, je ne crois pas que je pourrai les abandonner un jour. Les Reenamel microfilm, Luxatemp et LuxaBite ont changé la façon dont je pratique la dentisterie. À ce jour, on ne m’a rien présenté qui puisse surpasser ces produits. Ils constituent ma norme d’excellence. De la même façon, IPS Empress et IPS e.max ont redéfini la réalisation des restaurations indirectes fixes en permettant à la fois de répondre aux attentes de mes patients et de réaliser mes rêves de pratique de la dentisterie. Récemment, j’ai fait quelques ajouts à ce que j’appelle mes matériaux dentaires magiques. Ces ajouts incluent : Spee-Dee Build-Up Core, Tetric EvoCeram Bulk Fill, Adhese Universal en format Vivapen, l’adhésif All-Bond Universal et la lampe à polymériser Valo.
L’intégration du composite Tetric EvoCeram Bulk Fill à notre protocole a permis de simplifier et de rendre plus prévisible la mise en place des restaurations directes postérieures. Aucun arsenal particulier n’est nécessaire et une seule teinte, EVA, permet de répondre à la majorité des situations de restauration. L’Adhese en stylo Vivapen est simple à utiliser, élimine tout gaspillage et réduit vraiment la sensibilité postopératoire. Tout simplement brillant!
La numérisation intrabuccale est l’un des sujets de l’heure et à mon avis cela deviendra sans aucun doute la norme de l’avenir. Comment pourrait-il en être autrement? La numérisation est facile à réaliser et confortable pour le patient, les données qui en résultent sont transmises rapidement au laboratoire et elle constitue une solution très polyvalente et économique. Par contre, la numérisation intrabuccale est-elle suffisamment au point technologiquement pour obtenir l’approbation générale? Elle demeure trop dispendieuse pour le praticien moyen, présente une courbe d’apprentissage indéniable et je ne peux m’empêcher de me demander si toutes les données sont vraiment captées ou si l’information manquante est corrigée numériquement par le logiciel. Le coût de la technologie de numérisation baissera assurément et la numérisation deviendra plus facile et plus précise qu’elle ne l’est actuellement. Pour l’instant, je vais continuer d’observer avant de faire le saut, puisque j’estime qu’il existe sur le marché une solution de rechange moins coûteuse et facile à utiliser qui me permettra dès maintenant de passer à la technologie numérique sans coût élevé ni période d’adaptation. Cette solution est le numériseur iSeries de Dental Wings. Tout ce que le dentiste doit faire est de prendre une empreinte traditionnelle à l’aide d’un matériau numérisable, puis de placer l’empreinte dans le numériseur iSeries au moment qui lui convient. La courbe d’apprentissage est quasi inexistante et le numériseur iSeries est vraiment rentable. Les avantages sont évidents : transmission instantanée, réduction des coûts de laboratoire et entrée immédiate de la clinique dentaire moyenne dans le monde de la technologie numérique.

La profession dentaire traverse une importante période d’évolution. Les besoins des patients changent et la façon de prodiguer les soins dentaires n’est pas ce qu’elle était ni ce qu’elle sera à l’avenir. Je crois que nous verrons même l’avènement de la préparation dentaire robotisée dans un avenir rapproché. J’espère que vous apprécierez ce numéro d’Oral Health et comme toujours, j’invite tous ceux qui veulent communiquer avec moi à le faire sans hésiter.OH
Dr. Elliot Mechanic practices esthetic dentistry in Montreal, Quebec. He is Oral Health’s editorial board member
for esthetics.